19 Novembre
2019
Une énergie écologique, c’est
quoi ?
Les éoliennes participent au mix énergétique électrique,
elles sont une possibilité de compromis acceptable dans certains cas, mais
elles ne sont ni vertes ni écologiques.
Par Loïk Le Floch-Prigent.
Mon sang n’a
fait qu’un tour lorsqu’une ministre de notre pays a qualifié d’écologique l’énergie éolienne.
J’essaie,
avec beaucoup d’autres et nous sommes de plus en plus nombreux, d’expliquer
qu’il n’y a pas de solution énergétique parfaite et qu’il y aura toujours un
mix qui sera plus ou moins satisfaisant selon les latitudes et les longitudes,
les besoins et les ressources locales. Deux paramètres importants sont
aujourd’hui à prendre en compte, celui de la pollution et celui de l’émission
des gaz à effets de serre, mais ce sont loin d’être les seuls et nous sommes
donc toujours à la recherche des meilleurs compromis. Il n’y a pas de religion
à avoir, ni d’anathèmes à proférer, il existe des réalités avec lesquelles il
faut composer.
Le concept
d’énergie renouvelable est apparu lorsque les collapsologues
ont fait remarquer que les ressources des fossiles (pétrole, gaz, charbon) se
tariraient un jour. Ils se sont trompés en ce qui concerne les dates de la
catastrophe. D’autres aujourd’hui prennent le relais en énonçant que le vent et le soleil
sont inépuisables et gratuits, ce sont donc les « renouvelables » de l’idéal et
ils finissent par recueillir les qualificatifs de verts et désormais d’écologiques.
Je pense
qu’il serait plus exact de dire que ces énergies sont celles qui sont soutenues
par les militants de l’écologie politique
qui y voient une possibilité de disparition progressive de leurs ennemis : la
production d’énergie à partir des progrès de la physique nucléaire et à partir
des fossiles.
Il n’y a pas d’énergie écologique
Mais le
soutien d’un mouvement politique ne suffit pas à masquer une réalité et quand
on est responsable, il faut éviter les abus de langage : il n’y a pas
d’énergie écologique, il y a des avantages et des inconvénients pour
chaque source. On peut préférer regarder ce qui nous plait et tenter d’ignorer
ce qui nous déplaît, c’est ce qui définit une politique énergétique locale,
régionale, nationale…
Alors qu’il
m’apparaît incontestable que l’énergie solaire connaîtra un développement dans
des délais difficiles à déterminer avec une réduction des coûts, les progrès
dans le stockage et la révolution dans le fonctionnement des réseaux, en
utilisant quand le climat le permet les toits des habitations, le futur de
l’industrie du vent à un niveau mondial apparaît plus douteux car l’emprise au
sol (ou en mer) des « fermes » dédiées posera des problèmes avec les voisins
humains qui continuent à se multiplier en occupant toujours plus d’espaces.
On a eu beau
augmenter les rendements des éoliennes,
en diminuer les coûts, leur implantation sera de plus en plus contestée et leur
généralisation est inenvisageable, ce qui n’enlève rien à leur pertinence dans
un grand nombre de cas où fort justement elles se sont implantées. Il y a et il
y aura une place pour les éoliennes, mais les citoyens ne se satisferont pas
d’une ampleur trop importante de ces châteaux modernes qui ne durent qu’une
vingtaine d’années, leur essor sera limité.
Mais peut-on
néanmoins aujourd’hui les parer d’autant de vertus que nos bureaucrates leur
trouvent ?
La pollution
directe de l’air aux alentours n’existe pas, certains peuvent les trouver
élégantes et jolies, comme toute construction humaine qui peut aussi avoir ses
détracteurs, mais quels sont les autres paramètres décisifs ? Le plus évident,
ce qui a été mis en avant par le Danemark qui en a fait un de ses axes majeurs
c’est que les îles peuvent y voir une autonomie meilleure et de moindres
dépenses de connexion. Cependant ce critère est imparfait car l’absence de vent
rend indispensable un appoint et donc soit un câble venant du littoral, soit
une installation « fossile ». Alors qu’en moyenne une éolienne fonctionne sur
l’année à 25 % de sa capacité, on peut connaitre des zones particulièrement
venteuses où cette moyenne augmente fortement et améliore donc l’économie
globale de l’installation.
Énergie intermittente
Passons aux
inconvénients : l’intermittence,
bien sûr, et la nécessité de faire fonctionner une installation parallèle forcément
en difficulté économique puisque devant s’arrêter puis redémarrer en dépendant
de l’absence du vent ! Quand on parle donc de la compétitivité des champs
d’éoliennes en parlant uniquement du courant fourni, on commet une erreur
puisqu’il faudrait aussi comptabiliser l’installation complémentaire qui va
combler les besoins de l’intermittence. Comme le soulignent désormais bon
nombre d’auteurs : le bilan économique est plus lourd que déclaré.
Mais si l’on
veut qualifier de vert ou d’écologique l’éolienne il faut qu’elle ne soit pas nuisible à l’environnement
et qu’elle ne participe pas à l’émission de gaz à effet de serre .
En ce qui concerne
la nature l’emprise au sol de ces engins de plus en plus hauts est désormais
importante avec des profondeurs de béton à 8 mètres
pour les éoliennes terrestres et des forages à plus de cinquante mètres pour
celles qui sont ancrées en mer. Les sols et sous-sols sont donc affectés et les
démantèlements hasardeux et coûteux.
Mais, en
dehors du bruit qui est une nuisance discutée (comme la visuelle), il y a
surtout les conséquences sur la faune, les oiseaux,
mais aussi pour les maritimes les poissons et crustacés, sols et sous-sols
dévastés par la multiplication des forages, trois à quatre par éolienne.
Le collectif
des pêcheurs-artisans est venu récemment déclarer son émoi devant la
multiplication des projets dans les zones de pêches en demandant que l’on
défende l’Océan. On peut donc estimer que l’éolienne peut s’avérer nécessaire,
mais on ne peut pas dire qu’elle est indolore pour l’environnement, et qu’en
plus ses pales ne se recyclent guère.
Mais quel
est le bilan carbone de ces constructions ? On ne va pas ergoter sur les petits
moteurs diesel installés dans certaines d’entre elles, mais il est légitime de s’interroger
sur l’ensemble du cycle qui va des matériaux utilisés, de leur mise en œuvre,
de leur installation, de leur maintenance et de leur fin de vie. À cet égard
toutes les opérations sont productrices de gaz à effet de serre, la maintenance
des éoliennes en mer ne conduira pas à l’utilisation de kayaks ou de voiliers,
par exemple. Mais c’est surtout dans l’extraction et la mise à disposition des
métaux permettant le fonctionnement des éoliennes que se situe le plus grave
handicap, surtout pour les engins maritimes qui ont à lutter âprement contre la
corrosion.
Quel bilan carbone pour les éoliennes ?
Puisque
désormais l’argument principal de tout responsable est de démontrer que son
action est bonne pour le climat, les promoteurs politiques des éoliennes, et en
particulier les maritimes, seraient bien inspirés de présenter le bilan carbone
de leurs préconisations aux peuples dont ils ont la charge.
Les
éoliennes participent au mix énergétique électrique, elles sont une possibilité
de compromis acceptable dans certains cas et on leur souhaite de continuer à
prospérer si elles apparaissent les plus souhaitables dans certaines
localisations, mais elles ne sont ni vertes ni écologiques.
À force de
commettre des abus de langage, de faire des raccourcis, nos responsables politiques
sont en train de commettre des erreurs dont le pays va avoir du mal à se
relever, le peuple sent bien
que la généralisation des éoliennes n’est pas souhaitable pour le pays, les
habitants des villes sont amusés par ces mats rencontrés en train ou en
voiture, ceux des champs et des mers savent qu’ils n’en peuvent plus de
chercher à les éviter. Comment résister à la vague qui voudrait en augmenter le
nombre ? En réalisant que construire des engins hostiles à l’environnement n’a
rien d’écologique. Utiliser le vent ne suffit pas, il faut aussi défendre la
vie et l’environnement et ce n’est pas le cas.
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