jeudi 1 octobre 2015





Réchauffement   climatique   Transition    Energétique  CO2
Le  reportage  complet  et  détaillé à lire ci-dessous,  sur  deux   grandes  pages  du  Journal de Saône et Loire du  10  août  concernant   la transition  énergétique  Allemande conforte,  accrédite  et  prouve  (s’il  en  était  besoin)  ce  que  nous  disons  depuis  le  début :
L’éolien  ne  participe  en  rien  à  la  diminution  du CO2  , responsable  du  réchauffement    climatique  au contraire,  il  oblige à  mettre   en  route  des  centrales   à  la  lignite  (pire  que le  charbon).  Une  trentaine  depuis  2000 !!



Environnement J.S.L le 10 Août 2015 Patrick Fluckiger
Allemagne : pas si verte, la transition énergétique
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Saurez-vous trouver la voiture garée au pied de ce monstre de 96 mètres de hauteur ? Une seule machine de ce type creuse 240 000 m³ de terre par jour. À Garzweiler, il y en a une demi-douzaine ! Photo P. F.
En un quart de siècle, l’Allemagne a multiplié par près de huit la part des énergies renouvelables dans sa production électrique. Tout en restant fidèle au lignite, dont elle a des réserves gigantesques.
«Maison encore habitée. » Drôle d’affichette, sur une fenêtre de salon… Il faut dire que la rue, pourtant baignée d’un grand soleil, apparaît lugubre. En ce samedi après-midi il n’y a personne. Ni piétons, ni circulation automobile, ni voitures garées. Les volets des maisons sont fermés, il y a des panneaux de bois occultant totalement certaines fenêtres. Pas de doute : le village est désert. Tout le monde est parti… sauf une solide septuagénaire, qui ne tarde pas à apparaître sur le pas de la « maison encore habitée ». Elle confirme sans détour : « Oui, je suis la seule de toute la rue. Tout le monde a quitté le village, sauf quatre paysans, pour lesquels « ils » n’ont pas trouvé de terres cultivables. » Comme en écho on entend soudain un bruit de tracteur…
La mine mite le paysage
Mais qui sont donc ces « ils » qui ont vidé Immerath de ses 1 000 habitants ? C’est le groupe RWE, le deuxième producteur d’électricité allemand, qui exploite, à quelques kilomètres de là, une gigantesque mine de lignite à ciel ouvert. Mine qui alimente par bandes transporteuses la centrale thermique géante de Neurath, aussi puissante qu’une centrale nucléaire, et à laquelle il faut donner à manger des milliers de tonnes de mauvais charbon, 24 heures sur 24.
La mine et la centrale avalent en réalité toute la campagne alentour : les forêts, les champs cultivés, les villages et même les autoroutes A44 et A61 seront décapés pour que le lignite puisse être mis à nu. RWE paie tout. La reconstruction du village, Immerath-Neu, à douze kilomètres, la construction d’une nouvelle autoroute.
L’électricien a obtenu l’autorisation d’exploiter le gisement jusqu’en 2045. D’ici là, il faudra encore évacuer et rebâtir six villages comme Immerath.
La concession initiale portait sur 66 km². RWE a obtenu 48 km² supplémentaires, la superficie d’une ville comme Lyon. Au total, la mine sera plus grande que Paris. Quand on cherche Garzweiler sur Google Maps, on peut comparer avec la ville de Cologne proche… Et au Sud, d’autres plaies écorchent le paysage : Frechen, Bergheim…
Le lignite ou « charbon brun »
Le lignite est le socle de l’électricité allemande. Avant Fukushima (mars 2011), ce charbon « brun » (Braunkohle), plus récent géologiquement et moins riche en carbone que la houille, était talonné par l’énergie nucléaire (23 % contre 22,2 %), devançant le charbon classique (18,5 %). Après la fermeture de huit réacteurs nucléaires d’un coup, et malgré la forte hausse des énergies renouvelables, le charbon noir a repris du poil de la bête (24,1 % de l’électricité allemande en 2013) et le lignite dépasse à nouveau le quart de la production. Sa consommation est quasiment revenue à son niveau record de 1991. Chez RWE, il représente plus de la moitié de l’électricité vendue (51,9 %).
Des éoliennes partout, mais…
Le lignite est bien plus fiable que les éoliennes qui, elles aussi, poussent partout. La mine de Garzweiler est entourée de moulins modernes. Sauf que le jour de notre visite, ils étaient à l’arrêt. Pas de vent. Résultat : les énergies renouvelables représentent 8,5 % de la puissance installée de RWE… mais seulement 2,6 % de l’électricité produite.
Autour de la mine de Garzweiler, des points de vue ont été aménagés, où l’on peut voir à l’œuvre les engins monstrueux, hauts comme des immeubles de vingt étages, dont les roues à godets – chacun d’entre eux peut gober une voiture ! – raclent le minerai. Celui-ci est véhiculé par bandes transporteuses et arrosé pour rabattre les poussières. C’est une sorte de boue jaune qui part vers la centrale.
Un long fleuve tranquille ?
Ce long fleuve tranquille est loin d’être propre. Le lignite est l’énergie thermique la plus polluante au monde. Les vétustes centrales de l’ex-RDA ont certes été modernisées (et surtout agrandies). Elles n’émettent plus les nuages de suie grasse et acide qui maculaient les rues et faisaient dépérir les forêts. La pollution visible a diminué. Mais une tonne de lignite brûlée continue d’émettre 1,2 à 1,3 tonne de CO2 ! Sans compter le soufre, l’oxyde d’azote, les nanoparticules – qui viennent aussi en France, comme tout le reste. Le lignite émet beaucoup plus de CO2 que le gaz et même le charbon, mais l’Allemagne ferme des centrales au gaz (parce qu’il faut l’importer et qu’il est trop cher) et au charbon (parce qu’il s’épuise). Elle continue d’ouvrir des centrales au lignite…
La transition énergétique
Pourtant, la transition énergétique est une réalité. L’année dernière, pour la première fois, les énergies vertes (biomasse, éolien, hydraulique, solaire, géothermie) sont arrivées en tête de la production d’électricité allemande avec 157,4 térawattheures, devançant même d’une courte tête le lignite (156 TWh). Mais c’est surtout le nucléaire et le gaz qui ont régressé, et dans une moindre mesure, le charbon. La part du lignite n’a été entamée qu’à la marge. La transition énergétique à l’allemande, c’est la transition du nucléaire vers les énergies vertes, pas la décarbonation.
Dans les années 2000, l’Allemagne prévoyait de construire pas moins de trente centrales au lignite. Un bon nombre sont aujourd’hui en service. Les dernières ont du mal à voir le jour, car la contestation environnementale monte. L’électricien Mibrag a « gelé » en avril dernier son projet à Profen (Saxe-Anhalt, est). Et l’opposition à la centrale de Bergheim-Niederhaussem, toute proche de Neurath, grippe le projet. Mais RWE n’a pas dit son dernier mot…



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