Réchauffement climatique
Transition Energétique CO2
Le reportage complet
et détaillé à lire ci-dessous, sur
deux grandes pages
du Journal de Saône et Loire du 10 août concernant la transition
énergétique Allemande conforte, accrédite
et prouve (s’il
en était besoin)
ce que nous
disons depuis le
début :
L’éolien ne
participe en rien à la
diminution du CO2 , responsable
du réchauffement climatique
au contraire, il oblige à
mettre en route
des centrales à
la lignite (pire
que le charbon). Une
trentaine depuis 2000 !!
Environnement J.S.L le 10 Août
2015 Patrick Fluckiger
Allemagne : pas si verte, la
transition énergétique
Saurez-vous
trouver la voiture garée au pied de ce monstre de 96 mètres de hauteur ? Une
seule machine de ce type creuse 240 000 m³ de terre par jour. À Garzweiler, il
y en a une demi-douzaine ! Photo P. F.
En un quart de siècle, l’Allemagne a multiplié par
près de huit la part des énergies renouvelables dans sa production électrique.
Tout en restant fidèle au lignite, dont elle a des réserves gigantesques.
«Maison
encore habitée. » Drôle d’affichette, sur une fenêtre de salon… Il faut dire
que la rue, pourtant baignée d’un grand soleil, apparaît lugubre. En ce samedi
après-midi il n’y a personne. Ni piétons, ni circulation automobile, ni
voitures garées. Les volets des maisons sont fermés, il y a des panneaux de
bois occultant totalement certaines fenêtres. Pas de doute : le village est
désert. Tout le monde est parti… sauf une solide septuagénaire, qui ne tarde
pas à apparaître sur le pas de la « maison encore habitée ». Elle confirme sans
détour : « Oui, je suis la seule de toute la rue. Tout le monde a quitté le
village, sauf quatre paysans, pour lesquels « ils » n’ont pas trouvé de terres
cultivables. » Comme en écho on entend soudain un bruit de tracteur…
La mine mite le paysage
Mais qui
sont donc ces « ils » qui ont vidé Immerath de ses 1 000 habitants ? C’est le
groupe RWE, le deuxième producteur d’électricité allemand, qui exploite, à
quelques kilomètres de là, une gigantesque mine de lignite à ciel ouvert. Mine
qui alimente par bandes transporteuses la centrale thermique géante de Neurath,
aussi puissante qu’une centrale nucléaire, et à laquelle il faut donner à
manger des milliers de tonnes de mauvais charbon, 24 heures sur 24.
La mine et
la centrale avalent en réalité toute la campagne alentour : les forêts, les
champs cultivés, les villages et même les autoroutes A44 et A61 seront décapés
pour que le lignite puisse être mis à nu. RWE paie tout. La reconstruction du
village, Immerath-Neu, à douze kilomètres, la construction d’une nouvelle
autoroute.
L’électricien
a obtenu l’autorisation d’exploiter le gisement jusqu’en 2045. D’ici là, il
faudra encore évacuer et rebâtir six villages comme Immerath.
La
concession initiale portait sur 66 km². RWE a obtenu 48 km² supplémentaires, la
superficie d’une ville comme Lyon. Au total, la mine sera plus grande que
Paris. Quand on cherche Garzweiler sur Google Maps, on peut comparer avec la
ville de Cologne proche… Et au Sud, d’autres plaies écorchent le paysage :
Frechen, Bergheim…
Le lignite ou « charbon brun »
Le lignite
est le socle de l’électricité allemande. Avant Fukushima (mars 2011), ce
charbon « brun » (Braunkohle), plus récent géologiquement et moins riche en
carbone que la houille, était talonné par l’énergie nucléaire (23 % contre 22,2
%), devançant le charbon classique (18,5 %). Après la fermeture de huit
réacteurs nucléaires d’un coup, et malgré la forte hausse des énergies
renouvelables, le charbon noir a repris du poil de la bête (24,1 % de
l’électricité allemande en 2013) et le lignite dépasse à nouveau le quart de la
production. Sa consommation est quasiment revenue à son niveau record de 1991.
Chez RWE, il représente plus de la moitié de l’électricité vendue (51,9 %).
Des éoliennes partout, mais…
Le lignite
est bien plus fiable que les éoliennes qui, elles aussi, poussent partout. La
mine de Garzweiler est entourée de moulins modernes. Sauf que le jour de notre
visite, ils étaient à l’arrêt. Pas de vent. Résultat : les énergies
renouvelables représentent 8,5 % de la puissance installée de RWE… mais
seulement 2,6 % de l’électricité produite.
Autour de la
mine de Garzweiler, des points de vue ont été aménagés, où l’on peut voir à
l’œuvre les engins monstrueux, hauts comme des immeubles de vingt étages, dont
les roues à godets – chacun d’entre eux peut gober une voiture ! – raclent le minerai.
Celui-ci est véhiculé par bandes transporteuses et arrosé pour rabattre les
poussières. C’est une sorte de boue jaune qui part vers la centrale.
Un long fleuve tranquille ?
Ce long
fleuve tranquille est loin d’être propre. Le lignite est l’énergie thermique la
plus polluante au monde. Les vétustes centrales de l’ex-RDA ont certes été
modernisées (et surtout agrandies). Elles n’émettent plus les nuages de suie
grasse et acide qui maculaient les rues et faisaient dépérir les forêts. La
pollution visible a diminué. Mais une tonne de lignite brûlée continue
d’émettre 1,2 à 1,3 tonne de CO2 ! Sans compter le soufre, l’oxyde d’azote, les
nanoparticules – qui viennent aussi en France, comme tout le reste. Le lignite
émet beaucoup plus de CO2 que le gaz et même le charbon, mais l’Allemagne ferme
des centrales au gaz (parce qu’il faut l’importer et qu’il est trop cher) et au
charbon (parce qu’il s’épuise). Elle continue d’ouvrir des centrales au
lignite…
La transition énergétique
Pourtant, la
transition énergétique est une réalité. L’année dernière, pour la première
fois, les énergies vertes (biomasse, éolien, hydraulique, solaire, géothermie)
sont arrivées en tête de la production d’électricité allemande avec 157,4
térawattheures, devançant même d’une courte tête le lignite (156 TWh). Mais
c’est surtout le nucléaire et le gaz qui ont régressé, et dans une moindre
mesure, le charbon. La part du lignite n’a été entamée qu’à la marge. La
transition énergétique à l’allemande, c’est la transition du nucléaire vers les
énergies vertes, pas la décarbonation.
Dans les
années 2000, l’Allemagne prévoyait de construire pas moins de trente centrales
au lignite. Un bon nombre sont aujourd’hui en service. Les dernières ont du mal
à voir le jour, car la contestation environnementale monte. L’électricien
Mibrag a « gelé » en avril dernier son projet à Profen (Saxe-Anhalt, est). Et
l’opposition à la centrale de Bergheim-Niederhaussem, toute proche de Neurath,
grippe le projet. Mais RWE n’a pas dit son dernier mot…
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