Transition énergétique allemande : la fin des ambitions ?
Note
d'analyse Publié le : Jeudi 31 août 2017
Malgré un exceptionnel développement de ses énergies
renouvelables, l’Allemagne est en passe de manquer les objectifs qu’elle
s’était fixés dans sa transition énergétique lancée en 2011. Cette note
d’analyse en détaille les raisons et montre pourquoi les prochaines élections
fédérales pourraient être l’occasion de revoir à la baisse les ambitions de
l’Energiewende.
Un tournant énergétique spectaculaire, encore insuffisant
En 2011, à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, les autorités
allemandes lancent la transition énergétique ou Energiewende, promue au rang de
projet de société par le soutien quasi unanime de la population. L’enthousiasme
a bientôt franchi le Rhin, au point que ce tournant énergétique est apparu à
beaucoup de Français comme le modèle à suivre. L’abandon du nucléaire et des
énergies fossiles, leur remplacement par des énergies renouvelables, si
possible locales, le développement de la mobilité électrique et l’accession à
une économie non émissive en carbone constituaient des buts vertueux qui
paraissaient accessibles à relativement court terme et au prix d’un eort
financier raisonnable.
Energie renouvelables : objectif 2020 presque atteint, incertitude au-delà
Aujourd’hui l’horizon s’est obscurci. L’Allemagne produit certes un tiers de
son électricité grâce aux énergies renouvelables, une performance remarquable
qu’elle paye au prix fort, le prix de l’électricité pour les petits
consommateurs ayant plus que doublé entre 2000 et 2013. Parallèlement, le pays
continue d’avoir largement recours au charbon pour produire son électricité et
reste un des pays d’Europe les plus émetteurs en CO2 par habitant. Fermer les
centrales au charbon et au lignite est un objectif qui divise la population et
met en jeu la sécurité d’approvisionnement du pays. Le développement massif des
énergies renouvelables intermittentes a fragilisé l’équilibre du système
électrique et impose la construction de milliers de kilomètres de lignes à
haute tension, sur fond de forte opposition locale. Une éventuelle
électrification du transport plongerait encore davantage dans la crise le
secteur automobile, déjà fragilisé par les scandales successifs.
Évolution comparée des émissions de gaz à effet de serre en Allemagne, en
France et en UE (base 100 en 2005)
Dans ce contexte, les élections fédérales prévues pour le 24 septembre 2017
pourraient bien imprimer une courbe moins ambitieuse au « tournant énergétique
».
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