La transition énergétique
allemande jugée ambiguë
Jean-Claude Bourbon , le 17/09/2017 à 12h27
Malgré le développement spectaculaire des énergies
renouvelables en Allemagne, la sortie du charbon demeure très lointaine. Une
semaine avant les élections législatives, dimanche 24 septembre, France
Stratégie dresse un constat sévère.
Mine de
charbon à Jackerath, près d'Erkelenz, dans l'ouest de l'Allemagne, le 24 août
2017. / Patrik Stollarz/AFP
Après les premières années d’euphorie, place aux dures
réalités. « L’horizon s’est obscurci » sur la transition
énergétique allemande, souligne France Stratégie,
l’organisme de réflexion rattaché au premier ministre, dans une note dressant
un bilan assez sévère de la politique lancée en Allemagne en 2011, après la
catastrophe nucléaire de Fukushima. Au point d’évoquer une possible « réduction
des ambitions » après les élections de dimanche prochain.à lire : L’Allemagne inverse ses priorités
énergétiques
Certes, l’Allemagne tire un tiers de son électricité
des énergies renouvelables (ENR), mais à quel prix, rappelle l’étude. La
facture est d’environ 25 milliards d’euros par an étalés sur
vingt ans, et les tarifs de l’électricité pour les petits consommateurs
ont déjà plus que doublé entre 2000 et 2013. Ainsi, « le soutien aux
ENR coûte aujourd’hui plus de 300 € par an pour une famille moyenne de
quatre personnes ».
Des objectifs de baisse des émissions de CO2
impossibles à tenir
Pour assurer l’équilibre du système électrique, les
autorités doivent construire des milliers de kilomètres de nouvelles lignes à
très haute tension, du nord au sud, qui suscitent de fortes oppositions
locales, rapporte la note en évoquant également « les menaces de
black-out ». Pourtant, la transition énergétique allemande
« jouit toujours d’un fort soutien populaire et reste pour beaucoup
d’Allemands un grand projet de société ».
reportage : Essen, une ville minière passée du gris
au vert
Mais la part
du charbon reste toujours élevée en Allemagne, représentant 40 % environ
de la production d’électricité. De nouvelles centrales viennent d’ailleurs
d’être mises en service et les émissions de CO2 augmentent
(+ 1,2 % au premier semestre). Résultat, « l’Allemagne ne
pourra pas tenir les objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre
qu’elle s’est fixés pour 2020 », estime la note de France Stratégie,
pour qui « à long terme, l’incertitude reste forte ».
L’Allemagne opposé à un prix plancher du carbone
Le débat sur
la sortie du charbon est loin d’être tranché. Tandis que les Verts demandent un
arrêt total en 2036, le plan climat à l’horizon 2050 présenté par le
gouvernement allemand se contente de plaider pour une sortie progressive du
charbon, compte tenu de son poids économique et de ce qu’il représente en
termes d’indépendance énergétique et de sécurité d’approvisionnement.
D’où
« la fin de non-recevoir » à la proposition française de
juin 2017 de mettre en place un prix plancher du carbone, qui reviendrait
à taxer le charbon et à accélérer sa substitution. « Les Allemands
dénoncent l’avantage compétitif très important qu’un tel prix plancher
procurerait au parc nucléaire français », estime l’étude.
Un prix du
CO2 de 30 €/tonne, ce qui peut être considéré comme un
minimum, ferait grimper de 40 % le prix du kilowattheure pour les
industriels allemands, selon une analyse du cabinet Pöyry présentée en juin.
Jean-Claude Bourbon
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